Savoirs et méthodes en exploration minérale au Québec : nouveaux résultats de recherche du CONSOREM

17 novembre 2025, 9 h à 16 h

Salle 309B

Coût régulier : 250 $

Coût étudiant : 50 $

Organisation : Benoit Lafrance et Angélique Longtin (CONSOREM-UQAC)

Cet atelier présente en primeur les résultats des projets de recherche réalisés en 2024-2025 par les chercheurs du CONSOREM (Consortium de recherche en exploration minérale). Le CONSOREM est un partenariat de recherche appliquée précompétitive dédié à la production de savoirs et de méthodes de pointe utiles à l’exploration des ressources minérales sur le territoire québécois, ainsi qu’à la formation et au transfert des connaissances. Les résultats de 8 projets seront présentés, couvrant un large spectre de thématiques de l’exploration minérale :

1- Le lithium au Québec : potentiel minéral et outils d’exploration – phase 2;
2- Identification des failles synvolcaniques de décharge hydrothermale et de leur fertilité;
3- Association faille, bassin sédimentaire orogénique et intrusions pour l’exploration aurifère dans d’autres contextes que le sud de l’Abitibi – phase 2;
4- Calculs normatifs à partir des analyses multiéléments ICP-ES ou ICP-MS à extraction 4 acides;
5- Typologie des bassins métasédimentaires archéens et incidence sur le potentiel métallogénique, phase 1 : Zone volcanique nord de l’Abitibi;
6- Potentiel des levés LIDAR pour l’exploration minérale;
7- Biogéochimie et exploration minérale en contexte boréal – phase 3;
8- Classification géochimique systématique des intrusions felsiques à intermédiaires sur le territoire d’Eeyou Istchee Baie-James.

9 h – Mot de bienvenue – Benoit Lafrance (CONSOREM-UQAC)

9 h 15 – Le lithium au Québec : potentiel minéral et outils d’exploration – phase 2 – Morgane Gigoux (CONSOREM-UQAC)

Ce projet collaboratif a permis de poursuivre les travaux visant à mieux comprendre les contrôles structuraux à deux échelles distinctes évoqués lors de la phase 1 du projet. Le rôle des dômes métamorphiques à la Baie-James constituerait l’un des facteurs importants dans la mise en place des pegmatites LCT à l’échelle régionale. Il en ressort plusieurs observations fondamentales : 1) les champs de pegmatites LCT sont syncinématiques et tarditectoniques, associés à des déformations mineures; 2) la fracturation en tension est omniprésente; 3) le rôle de la perméabilité structurale pulsative est mise en évidence par les textures des roches; 4) les pegmatites sont opportunistes et profitent des ouvertures locales liées aux mouvements mineurs sur des fabriques héritées du bombement (intrusions TTG ou autres) et du raccourcissement régional. Ces fabriques héritées constituent une forte anisotropie rhéologique et les larges zones d’inflexions de la fabrique sont donc très propices au développement d’ouvertures locales lors des phases tardives ductiles-cassantes, en transpression ou transtension. En parallèle, l’analyse des paramètres physiques, morphologiques et chimiques des lacs a été réalisée pour faciliter et optimiser l’identification des anomalies provenant des analyses des sédiments de fond de lac. La classification de la typologie des sédiments a notamment été utile et fondamentale pour identifier les anomalies rehaussées à une échelle plus locale. La méthode statistique adoptée, couplant la régression spatiale multiple et de statistiques U, a permis de faire ressortir des groupements d’anomalies dans les lacs à proximité de tous les gîtes lithinifères connus à ce jour.

9 h 45 – Reconnaissance des failles synvolcaniques de décharge hydrothermale et de leur fertilité – Philippe Robidoux (CONSOREM)

Dans le contexte de la ceinture de roches vertes archéennes de l’Abitibi, en particulier du camp minier de Matagami, une méthode d’analyse multivariée est proposée pour identifier et modéliser en 3D les failles de décharge et de recharge hydrothermale de dix gisements Cu-Zn parmi les plus étudiés. Cette approche, combinant des méthodologies et des outils géochimiques à une analyse multivariée, l’identification des composantes hydrothermales et les outils cartographiques en trois dimensions, a permis de localiser 37 failles synvolcaniques et d’établir un lien avec les signatures hydrothermales typiques des zones de recharge et de décharge le long du flanc sud du camp minier de Matagami. Grâce à l’identification des composantes hydrothermales, cette méthodologie peut être appliquée à d’autres camps miniers de l’Abitibi. Elle peut être utilisée ailleurs dans le monde dans des contextes semblables et permet de confirmer les géométries propres aux gisements polymétalliques VMS connus.

10 h 30 – Pause

10 h 45 – Association faille, bassin sédimentaire orogénique et intrusions pour l’exploration aurifère dans d’autres contextes que le sud de l’Abitibi — phase 2 – Lucille Daver (CONSOREM)

11 h 15 – Calculs normatifs à partir des analyses multiéléments ICP-ES ou ICP-MS à la suite d’une extraction 4 acides – Édouard Côté-Lavoie (Gold Fields)

Ce projet vise à améliorer l’interprétation lithogéochimique des données ICP obtenues à la suite d’une extraction 4 acides ou à l’eau régale (aqua regia), deux méthodes couramment utilisées en exploration minérale. L’attaque 4 acides permet une dissolution quasi complète des éléments majeurs (Al, Ca, Fe, K, Mg, Na), mais ne permet d’obtenir la silice (SiO₂) et la perte au feu (PAF). De plus, elle ne dissout pas complètement certains éléments en traces, comme le Zr, contenus dans des phases réfractaires. Parmi ces éléments, Ti, Nb, Cr, Y et Th sont généralement utilisables (> 80 % de dissolution) pour les classifications pétrogénétiques et les indices d’altération hydrothermale. L’eau régale dissout efficacement les sulfures, les carbonates et certains silicates comme la chlorite et la biotite, mais l’analyse ICP ne fournit pas d’analyses de SiO₂ et de PAF.

Deux nouvelles normes sont proposées :

    • Norme ICP 4 acides : il s’agit d’une adaptation des outils du CONSOREM pour calculer les minéraux normatifs et le SiO₂. Les résultats sont fiables, sauf en présence de grandes quantités de carbonates qui influencent négativement le calcul du SiO₂. Les indices d’altération (ALT_CHLO, ALT_SER, etc.) restent fiables, tout comme ceux calculés à partir des éléments majeurs.
    • Norme ICP aqua-regia : basée sur la norme SV350, elle permet d’estimer le contenu en carbonates, en sulfures et en chlorite normatifs. Deux indices simplifiés (chlorite et carbonates) sont aussi proposés. Enfin, un nouvel indice La/Y est présenté pour estimer le degré de calco-alcalinité des roches, car l’examen des indices classiques montre que certains d’entre eux (Zr/Y, La/Yb) sont inadaptés aux analyses ICP 4 acides.

Une étude de cas dans le secteur Urban-Barry illustrant la puissance de ces outils sera présentée pour clôturer la présentation.

12 h – Dîner

13 h 30 – Typologie des bassins métasédimentaires archéens et incidences sur le potentiel métallogénique, phase 1 : Zone volcanique Nord de l’Abitibi – Lucille Daver (CONSOREM)

14 h – Potentiel des levés LiDAR pour l’exploration minérale – Jérôme Lavoie (MRNF)

Les levés LiDAR sont devenus essentiels en exploration minérale, notamment pour les données topographiques, la géomorphologie et l’analyse structurale. À la suite de résultats prometteurs obtenus dans le cadre du projet CONSOREM 2023-08, et grâce à la collaboration de spécialistes du LiDAR (Dave Munger; MRNF) et du quaternaire (Hugo Dubé-Loubert; MRNF), une deuxième phase a été lancée avec deux objectifs principaux : (i) la création d’un guide d’utilisation des levés LiDAR, et (ii) le développement d’une méthode pour identifier de potentielles zones affleurantes à subaffleurantes dans des contextes de dépôts lacustres et marins.

La méthode a été testée dans un secteur entre les villes de Malartic et Val-d’Or (SNRC 32D01 et 32C04) à partir d’un levé LiDAR du MRNF (densité de 5 pts/m²), en combinant des couches dérivées du modèle numérique de terrain (rugosité, géomorphologie, humidité, dépôts, drainage) et des données vectorielles du SIGÉOM (affleurements, échantillons, forages). Une carte de probabilité des zones affleurantes à subaffleurantes a été générée qui a permis d’identifier des zones prioritaires représentant 12 % de la surface étudiée. Ces résultats sont encourageants, notamment dans les secteurs à faible densité d’affleurements.

Les prochaines étapes incluent le raffinement du traitement et des tests dans des secteurs moins connus et des contextes glaciaires différents, comme le territoire d’Eeyou Istchee Baie-James. Bien que les résultats soient moins utiles dans le cas d’une région mature comme l’Abitibi, ils sont prometteurs pour les secteurs peu explorées, où chaque affleurement supplémentaire peut être déterminant pour la compréhension géologique et l’exploration minérale.

14 h 45 – Pause

15 h – Biogéochimie et exploration minérale en contexte boréal : application aux MCS – phase 3 – Morgane Gigoux (CONSOREM-UQAC)

La troisième phase de ce projet a pour objectif principal de valider la méthode en contexte lithinifère. Un levé d’acquisition a été réalisé au début d’octobre 2024 sur le projet Cadillac (indice Wells-Lacourcière, Vision Lithium), localisé dans la Sous-province du Pontiac. Le levé comprend 75 stations d’échantillonnage où les épinettes (écorces, rameaux et aiguilles) et les sols (humus et horizon B) ont été échantillonnés lorsque cela était possible. Toutes les anomalies du premier transect analysé (sols et épinettes) sont localisées au NE du levé, majoritairement dans le till et/ou roc, dans les épontes des pegmatites, ou sont parfois un peu plus distales (dans le cas de l’humus). Les deux sens d’écoulement glaciaire N-S et NE-SW du secteur sont à l’origine d’une morphologie en « crag-and-tail » à partir des dykes, typique du passage d’un glacier. Les anomalies sont situées soit dans le train glaciaire dans le till, soit le long des épontes des dykes. Il existe ainsi deux types d’anomalies : 1) les anomalies clastiques locales localisées juste à l’arrière du relief des dykes et 2) les anomalies hydromorphiques relativement proximales le long des épontes associées au transport hydraulique des éléments lessivés par les pluies et le ruissellement de surface. La présence de dépôts deltaïques exotiques distaux au SW du levé ne permet pas de détecter des anomalies à partir du matériel transporté localement par le glacier.

Ces premiers résultats montrent clairement que les épinettes répondent à la présence de pegmatites lithinifères à l’indice Wells-Lacourcière.

15 h 30 – Classification géochimique des intrusions felsiques à intermédiaires du territoire d’Eeyou Istchee Baie-James – Sylvain Trépanier (Exploration Midland)

Ce projet avait pour objectif de classifier les différentes suites plutoniques intermédiaires et felsiques observées sur le territoire d’Eeyou Istchee Baie-James selon une approche systématique basée sur la géochimie des éléments majeurs et en traces. La méthodologie utilisée s’appuie sur une étude ciblée des intrusions granitoïdes du craton de Yilgarn en Australie de Lowry et al. (2023), couplée aux études réalisées par Laurent et al. (2014) et celles du CONSOREM.

Les données utilisées dans cette étude représentent au total plus de 7621 analyses provenant des sous-provinces de La Grande, d’Opinaca, d’Opatica et de Nemiscau. Elles ont été extraites de la base de données du SIGÉOM (Système d’information géominières du Québec) à partir d’échantillons de roches ignées classées comme « intermédiaires » et « felsiques ».

Cette classification géochimique systématique permet de reconnaître 18 groupes différents et de mieux discriminer les tendances lithogéochimiques observées dans la région étudiée. Ces travaux à échelle régionale et l’analyse de la distribution spatiale de ces différents groupes sont très prometteurs pour faire progresser nos connaissances quant à l’évolution spatiale et temporelle de la croûte archéenne et des sources magmatiques dans la région d’Eeyou Istchee Baie-James. Elle permet également d’identifier certaines familles d’intrusions présentant un potentiel pour différentes substances.

16 h 30 – Fin de la formation

 

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