Transition énergétique : à l’affiche dans une région près de chez vous

Le projet du plan de transition énergétique pour l’Outaouais est le fruit d’une longue réflexion autour de la question de l’énergie dans la région et du rôle que peut jouer l’Outaouais dans l’atteinte des objectifs ambitieux et nécessaires du Québec en termes de carboneutralité. Une réflexion qui a été mûrie au contact du milieu local et des instances gouvernementales qui, au vu du potentiel dont dispose la région, ont conforté le Conseil régional de l’environnement et du développement durable de l’Outaouais (CREDDO) dans son leadership et sa volonté de doter la région d’un outil d’aide à la décision pour assurer sa transition énergétique.

Par leur lien privilégié avec la collectivité, les villes sont des actrices clés dans l’atteinte des objectifs climatiques au Québec. En réponse à la volonté de ses membres de contribuer à la transition énergétique, l’UMQ se positionne comme un accélérateur pour faciliter le passage à l’action des municipalités de façon concrète et efficiente.

À la suite de la tragédie ferroviaire du 6 juillet 2013, la population de Lac-Mégantic a participé à une vaste consultation citoyenne et a choisi de se redéployer en empruntant la voie de la transition écologique et énergétique. Depuis, un important projet de microréseau solaire a été mis sur pied avec Hydro-Québec, devenant ainsi un levier stratégique vers d’autres projets en cours qui seront abordés lors de la conférence. Au-delà de l’importance des technologies mises en œuvre, le fil conducteur de l’action de Lac-Mégantic vers la transition énergétique est la mobilisation citoyenne et l’aspect social qui jouent un rôle déterminant dans l’atteinte de ses objectifs. La conférence abordera ces thèmes qui représentent une occasion pour la population de Lac-Mégantic d’agir localement vers sa transition énergétique et d’inspirer d’autres municipalités à lui emboîter le pas.

La Transition écologique est en grande partie une transition énergétique. À l'avant-scène en tant que métropole, Montréal multiplie les actions qui accélèrent le mouvement municipal en faveur de la réduction des émissions de GES. Le rôle essentiel des municipalités dans une certaine révolution énergétique régionale implique une coordination avec le gouvernement et les distributeurs d'énergie pour propulser l'innovation et lever les barrières. Nous mettrons en lumière l'effet multiplicateur des municipalités, leur capacité à mobiliser la société civile à travers des forums tels que le Partenariat Climat Montréal et l'impact structurant des financements majeurs.

L’élaboration de plans climats est un processus complexe englobant une multitude de facteurs interdépendants. Face à cette complexité, une approche systémique et holistique est indispensable. CityInSight, un modèle spécialisé en énergie et émissions, a gagné la confiance des principales métropoles canadiennes et s'est affirmé comme le pilier de plus d'une centaine de plans climats au Canada, aux États-Unis et en Amérique latine. Ce modèle donne une vision précise, tant sur le plan géographique que temporel, des secteurs responsables des émissions de GES au sein des municipalités et régions où il est appliqué. Ces représentations sont ensuite projetées à l’aide de scénarios, modulés selon diverses politiques et initiatives en matière de climat, facilitant ainsi des comparaisons stratégiques entre diverses projections futures. Cette démarche mène à la conception de plans climats pertinents, jetant les bases pour atteindre des objectifs ambitieux de décarbonation dans nos communautés.

Durant cette séance, nous aborderons les principes clés et la mécanique du modèle CityInSight, en l'illustrant avec des exemples concrets de municipalités et régions qui l'ont adopté. Par ailleurs, nous partagerons des retours d'expérience et des leçons apprises à partir des nombreux plans climats soutenus par CityInSight, mettant en lumière l'importance de la modélisation par scénarios pour élaborer une stratégie efficace face aux défis climatiques.

Le Québec s’est engagé dans une transition énergétique visant la décarbonation de son économie. Les décideurs aux niveaux provincial et régional adoptent des initiatives dont les conséquences sur le développement économique des régions peuvent être très inégales. Les impacts sur l’ensemble des régions devraient être idéalement évalués et pris en compte lors de l’adoption d’initiatives en transition énergétique, ce qui permettrait d’assurer que les initiatives adoptées profitent à l’ensemble des régions.

Cet idéal se heurte à la complexité des interactions entre les économies régionales, les utilisations des différentes formes d’énergie et les éventuelles contraintes imposées sur ces utilisations. Pour atteindre cet idéal, une modélisation, c’est-à-dire une simplification, de ces interactions s’impose. Le premier intérêt d’une modélisation pour la prise de décision est sa capacité à informer de la présence de relations qui n’apparaissent pas de manière explicite, mais qui s’avèrent déterminantes dans l’identification et l’élaboration de moyens pour relever les défis auxquels le décideur est confronté. Une modélisation peut dépasser cette mise en évidence de relations en permettant l’évaluation quantitative des multiples impacts que génèrent différentes solutions proposées pour relever un défi particulier. La modélisation peut permettre de répondre à la question « Et si la politique A était mise en œuvre, à quoi devrions-nous nous attendre? », ce qui permet aux décideurs d’apprécier les conséquences de différentes politiques, de comparer ces conséquences et ainsi d’identifier ce qu’ils considèrent être « la meilleure politique » à mettre en œuvre en fonction de leurs préférences et de leurs objectifs. La modélisation peut dépasser l’évaluation quantitative des conséquences d’une politique en offrant des explications à l’arrivée et en estimant l’importance de ces différentes conséquences. Un tel exercice permet, par exemple, d’expliquer et donc de comprendre pourquoi une politique qui ne génère que des impacts positifs à court terme peut produire des effets néfastes à plus long terme. Cette compréhension permet alors de contribuer à modifier cette politique afin de mitiger les conséquences non désirées.

Yves Richelle illustrera ces aspects de la modélisation en examinant les impacts de l’électrification du parc automobile sur l’atteinte, en 2030, de la cible d’une réduction de 40 % de l’utilisation de produits pétroliers par rapport à 2013 sur le développement économique du Québec et des régions. Cette illustration se basera sur des résultats générés par le modèle Hercule-Impacts développé par Daméco qui intègre notamment une contrainte sur la capacité de production d’électricité.