Retour à la programmation
Mines

Travaux d’acquisition de connaissances géoscientifiques de Géologie Québec et de ses partenaires – Nunavik et Abitibi

Mardi le 21 novembre 2023

Salle 403 - Espace géoscientifique

Présidence

François Leclerc

MRNF

Présidence

Simon Hébert

MRNF

Géologie Québec présente les résultats finaux et des interprétations inédites des projets réalisés à l’été 2022 au Nunavik (Lac Serpentine et Lacs Nuvilic) et en Abitibi (Ruisseau aux Alouettes et Lac Dickson). Les résultats intérimaires d’une première étude métallogénique sur le lithium en Abitibi seront également dévoilés. La présentation de notre conférencier émérite viendra clore cette séance et permettra de poser un regard historique sur la géologie des groupes de Malartic et de Louvicourt.

9 h 30

Mot de bienvenue

9 h 35

Géologie de la région du lac Serpentine, Orogène de l'Ungava, Nunavik, Québec, Canada

Détails de la conférence

Auteurs : Guillaume Mathieu, Marc-Antoine Vanier et Thomas Debruyne (MRNF)

La campagne de terrain de l’été 2022 a touché à la région du lac Serpentine. Les parties ouest des feuillets SNRC 35G10 et 35G15 ont été cartographiées à une échelle hybride entre le 1/20 000 et le 1/50 000. Des vérifications ont également été effectuées dans la portion est du feuillet 35G15 afin d’améliorer la compréhension du secteur central.

La géologie de cette région est constituée de deux ensembles paléoprotérozoïques qui représentent chacun environ la moitié de la superficie cartographiée en 2022. Le premier est constitué de roches supracrustales (Formation d’Iqiattavialuk, groupes de Spartan et de Parent) coupées par des intrusions concordantes à l’empilement volcano-sédimentaire (suites de Sanimualuk et de Sanimuapik). Le second ensemble, au nord, est formé de la Suite de Vanasse. La jonction de ces deux ensembles est caractérisée par un schéma de plissement polyphasé complexe, la présence de zones de cisaillement mineures et discontinues et par une augmentation abrupte du gradient métamorphique vers le nord. Deux suites tardives (suites d’Illuinaqtuut et de Niqituraaqiaruk) recoupent toutes les unités du secteur.

Le schéma structural complexe, déjà mis en évidence lors des travaux antérieurs, a été mieux défini. Il résulte de l’interférence de trois familles de plis désignés P1, P2 et P3. La famille P1 est composée de plis à plans axiaux droits orientés E-W à charnière subhorizontale plongeant vers l’ouest. La famille P2, la plus représentée, forme des plis serrés à isoclinaux à plans axiaux déversés et à charnières plongeant modérément en direction NW à NNE. Cette famille est synchrone à l’activité de la Faille de chevauchement d’Ombilic. Les plis P1 et P2 s’inscrivent dans un même continuum de déformation. La famille de plis P3 est constituée de plis à plan axial droit ou déversé orientés principalement N-S et à charnière plongeant faiblement vers le nord.

9 h 50

Géologie des dépôts de surface de la région des lacs Nuvilic, Nunavik, Québec, Canada

Détails de la conférence

Auteurs : Simon Hébert, Marc-Antoine Lévesque (MRNF) et Alex Proulx (UQAM)

Au nord de la péninsule d’Ungava, les grandes glaciations du Quaternaire ont façonné la morphologie d’une grande partie du territoire en y déposant une couverture sédimentaire d’épaisseur variable, limitant ainsi l’accès au socle rocheux. Pour cette raison, l’utilisation d’outils de prospection glaciosédimentaire s’avère d’une grande aide pour brosser un portrait plus global du potentiel minéral de la région du Nunavik, déjà reconnue pour son potentiel nickélifère (2 mines en activité). Cette présentation traite de la géologie du Quaternaire d’un secteur couvrant un peu plus de 4500 km2 dans le secteur central de la péninsule d’Ungava, au sud de Salluit et de la baie Déception. Une nouvelle carte des formations de surface à l’échelle 1/50 000, ainsi qu’un échantillonnage de sédiments d’origine glaciaire (till) et fluvioglaciaire (esker) a été effectué lors de la campagne de terrain de l’été 2021. Le territoire à l’étude est bordé au sud par la Ceinture de Cape Smith, domaine lithotectonique appartenant à l’Orogène de l’Ungava. Les dépôts de surface sont dominés par des sédiments glaciaires (till) qui ont par endroit été remaniés et entaillés par l’eau de fonte lors de la déglaciation. Des dépôts fluvioglaciaires juxtaglaciaires (eskers) de composition principalement sablo-graveleux, ainsi que des épandages proglaciaires surmontent localement les dépôts glaciaires. Plusieurs évidences démontrent l’existence de lacs glaciaires de durées et d’ampleurs variables qui ont remanié ou recouverts les sédiments glaciaires et fluvioglaciaires dans les vallées des rivières Foucault et Gatin. On distingue également la présence de terrasses et de deltas glaciomarins permettant de délimiter l’extension maximale de l’invasion marine dans la vallée des lacs Françoys-Malherbe et Watts. Le terrain à l’étude est situé au cœur de la péninsule d’Ungava et montre peu d’évidences macroscopiques d’écoulement glaciaire (formes de terrain fuselées), malgré les nombreuses stries perceptibles sur le roc affleurant. Le socle rocheux est peu exposé sur le terrain d’étude, est généralement gélifracté et caractérisé par endroits par des felsenmeer matures, notamment sur les monts de Puvirnituq.

10 h 05

Géologie de la région du lac la Trêve, Sous-province de l’Abitibi, Eeyou Istchee Baie-James, Québec, Canada

Détails de la conférence

Auteurs : Mélanie Beaudette et Yannick Daoudene (MRNF)

Une nouvelle carte géologique résultant d’un levé réalisé à l’été 2022 a été produite à l’échelle 1/20 000 dans la région du ruisseau aux Alouettes (feuillet 32G13-SE), localisée à ~60 km à l’ouest de la ville de Chapais. Nos observations permettent une subdivision inédite des roches volcaniques de la moitié sud de la région qui étaient auparavant indifféremment regroupées dans la Formation de Blondeau (sommet du second cycle volcanique du Groupe de Roy). Nous proposons de diviser ces roches en neuf sous-unités variablement composées de roches volcaniques, soit des laves mafiques à felsiques massives ou coussinées, de roches volcanoclastiques intermédiaires et de roches sédimentaires détritiques. Au sud, le Blondeau est en contact stratigraphique avec les roches volcaniques mafiques de la Formation de Bruneau (base du second cycle volcanique du Groupe de Roy). Le Bruneau est en contact tectonique au sud avec la Suite intrusive de Lapparent formée de différentes unités de roches intrusives intermédiaires à felsiques. Au nord, les roches sédimentaires détritiques de la Formation de Daubrée et du Groupe d’Opémisca sont en contact tectonique avec le Blondeau. Celui-ci est coupé par les gabbros et les roches intrusives ultramafiques du Filon-couche d’Esturgeon, désormais assigné à la Suite intrusive de Cummings, ainsi que par le Pluton tarditectonique ou post-tectonique de La Ribourde. La Formation de Daubrée est coupée par trois intrusions appartenant à la Suite intrusive de Daine : les plutons de Rita, d’Amibe et de Saussure. La plupart des critères de polarité observés dans le Blondeau et le Daubrée démontrent un sommet stratigraphique vers le NE. Quelques polarités vers le sud indiquent toutefois que la séquence volcano-sédimentaire de la région est affectée par des plis généralement serrés, aux axes à plongement faible et aux traces de plan axial parallèles au grain structural régional. En plus des zones minéralisées en métaux usuels et précieux déjà rapportés dans la région, nos travaux mettent en évidence quatre secteurs prometteurs associés à la présence de : 1) zones d’altération volcanogènes et de sulfures massifs dans des roches volcaniques intermédiaires coussinées du Blondeau (nAbl2b); 2) fragments de sulfures massifs dans des roches volcanoclastiques intermédiaires à cristaux de quartz bleuté du Blondeau (nAbl2f); 3) valeurs anomales en vanadium et en titane dans un gabbro quartzifère riche en fer du Complexe d’Esturgeon (nAest2b); et 4) zones d’altération à épidote ± sulfures dans des unités volcaniques à la périphérie du Pluton de La Ribourde qui montrent des similitudes avec un contexte métallogénique de type skarn.

10 h 20

Pause

10 h 35

Caractérisation pétro-géochimique et rôle de la déformation dans la formation des gîtes de lithium de la région de La Motte-La Corne, Sous-province de l’Abitibi, Québec

Détails de la conférence

Auteur : Hubert Mvondo (MRNF)

Les pegmatites lithinifères et les faciès associés de la région de La Motte-La Corne forment des dômes et des dykes felsiques injectés le long des failles en bordure des plutons de granodiorites et de monzogranites. Ils sont principalement constitués de quartz-albite-feldspaths potassiques-spodumène et, accessoirement, de spessartine, muscovite et béryl et montrent des textures aplitiques, porphyriques ou équigranulaires. Ces textures résultent d’au moins 4 phases de cristallisation magmatiques ou magmatique-hydrothermales avec formation de 2 générations de spodumène qui constitue le principal minéral lithinifère.

Les dykes felsiques ont une composition variant de syénite à granite alcalin avec des teneurs diverses en SiO2 (64,65 à 79,64 %), Al2O3 (10,61 à 24,88 %), Na2O + K2O (4,39 à 11,74 %), Li (12 à 22 500 ppm), Cs (0 à 431 ppm), Ta (8 à 366 ppm), Rb (5 à 3130 ppm), Sr (5 à 285 ppm), Be (5 à 428 ppm), Ba (2 à 404 ppm), P (2 à 742 ppm), F (0,01 à 0,22 ppm) et en ƩREE (2 à 83 ppm). Ces roches hyperalumineuses (Al/[Ca + Na + K] = 1,51 à 3,59) sont le résultat de plusieurs injections d’un magma source issu de la fusion partielle de métapélites à la base de la croûte et dont la différenciation lors de l’ascension vers la surface s’est faite jusqu’au stade magmatique-hydrothermal. Des monzogranites présentent des caractéristiques géochimiques comparables et constituent des intrusions primitives provenant du même magma source.

Les pegmatites lithinifères, issues des faciès les plus différenciés du magma source riches en éléments fluxants (H2O, F, P, etc.), se sont mises en place à la faveur de failles et de zones de dommages associées en bordure des plutons de granodiorites et de monzogranites. Ainsi, les plutons hyperalumineux et les failles majeures localisées près de ces plutons peuvent être utilisés comme indicateurs pour l’exploration des pegmatites lithinifères.

10 h 50

Regard historique sur la géologie et l'architecture des groupes de Malartic et de Louvicourt, Sous-province de l'Abitibi

Détails de la conférence

Auteurs : Pierre Pilote, James Moorhead, Pierre Lacoste (MRNF), Réal Daigneault (UQAC) et Pierre Bedeaux (Barrick Gold)

Le cadre stratigraphique et structural des groupes de Malartic et de Louvicourt, des unités bien exposées dans la région de Val-d’Or–Malartic, a grandement évolué depuis les travaux pionniers de James et Mawdsley (1925), Gunning et Ambrose (1939 et 1940) et Norman (1941, 1942 et 1944). Du côté québécois, les travaux de Latulippe (1966), Sharpe (1968), Imreh et collaborateurs (qui se sont étendus sur plus d’une décennie entre 1974 à 1984) et de Rocheleau et collaborateurs (1997) ont permis de peaufiner ce schéma. Cette présentation porte plus particulièrement sur l’architecture et la compréhension des groupes de Louvicourt et de Malartic et des unités géologiques adjacentes (volcaniques, sédimentaires et intrusives). À l’occasion de cette conférence, des constats et des interprétations seront proposés à la lumière des campagnes de cartographie du MRNF réalisées au cours des 35 dernières années appuyées par une sélection d’affleurements clés, de nombreuses datations U-Pb sur zircons, d’études universitaires réalisées et/ou commanditées dans plusieurs cas par le Ministère, ainsi de travaux miniers qui nous apparaissent d’un intérêt déterminant et des levés aéromagnétiques à haute résolution.

Les groupes de Malartic et de Louvicourt, situés dans la partie SE de la Sous-province archéenne de l’Abitibi, montrent une orientation WNW-ESE et occupent une superficie globale d’environ 125 sur 18 km. Ces ensembles lithostratigraphiques montrent un rajeunissement vers le sud globalement cohérent avec les polarités observées. Le Groupe de Malartic se compose, de la base vers le sommet, des formations de La Motte-Vassan (nAmv; 2714±2 Ma), de Dubuisson (nAdu; 2708±2 Ma) et de Jacola (nAja; 2703±2 Ma). La base du Groupe de Louvicourt est formée de la Formation de Val-d’Or (nAvd; 2704±2 Ma) surmontée par la Formation d’Héva (nAhe; 2702 à 2698 ±2 Ma). Des niveaux repères ont permis d’établir des corrélations stratigraphiques et démontrer que la cartographie par faciès peut être utilisée avec succès, bien que ces deux groupes représentent une séquence volcano-sédimentaire complexe du point de vue stratigraphique, géochimique et géochronologique.

Le Groupe de Malartic constitue l’équivalent d’un plancher océanique produit vraisemblablement à grande profondeur par un panache mantellique. Située stratigraphiquement au-dessus du Groupe de Malartic, la nAvd représente le résultat de la construction d’un arc volcanique formé de nombreux centres effusifs qui se superposent. Le contact entre la nAja et la nAvd est graduel, reflétant le passage d’un volcanisme ultramafique/mafique vers un type intermédiaire à felsique. Le sommet du Groupe de Louvicourt est caractérisé par les coulées basaltiques et les roches volcanoclastiques de la nAhe. La séquence stratigraphique établie à la suite des divers travaux de cartographie, de volcanologie, de sédimentologie et de géochronologie suggère que cette région constitue une succession volcano-sédimentaire cohérente et solidaire, mais évidemment sévèrement faillée, déformée et métamorphisée, plutôt qu’un collage de domaines allochtones sans lien entre eux. La contrepartie ontarienne de ces lithologies correspond en partie à l’épisode (assemblage) Kidd-Munro. Des différences notables existent toutefois entre ces deux ensembles.