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Mines

Les ressources non conventionnelles de MCS

Mardi le 21 novembre 2023

Présidence

Michel Jébrak

UQAM

Présidence

Hubert Mvondo

MRNF

Cette séance sera offerte en anglais et en français.

Le marché des minéraux critiques et stratégiques évolue rapidement. Par exemple, le lithium est ainsi passé d’un produit de niche à quasiment une matière première de base. Avec une demande accrue, les prix des métaux montent et permettent d’envisager l’exploitation de nouveaux types de gisements à plus basses teneurs et plus forts tonnages. Cette séance permettra de présenter ces futures cibles d’exploration, leur géologie et leurs défis.

13 h 30

Gîtologie des révolutions industrielles

Détails de la conférence

Les révolutions industrielles se succèdent en vagues depuis la fin du 18e siècle. Chacune mobilise un régime énergétique, des technologies, des organisations sociales et des métaux. Pour répondre à la croissance de la demande, de nouveaux types de gisements sont mis en production, caractérisés par des couples tonnage-teneur différents. L’augmentation des tonnages se traduit par une baisse des teneurs, avec des ruptures de pente entre chaque type de gisement (loi de Lasky). On passe ainsi de gîtes à fortes teneurs lors des innovations initiales à des gisements disséminés à plus faibles teneurs : le cuivre passe des amas aux porphyres, l’aluminium des bauxites karstiques aux bauxites sédimentaires et l’uranium des filons à pechblende aux grès. Cette migration connaît des variantes en fonction de paramètres métallogéniques, économiques et géopolitiques. Les métaux technologiques de la sixième vague connaissent ou vont connaître cette migration, tant pour les terres rares, le cobalt que le lithium.

13 h 45

Les minéralisations de Ni-Co disséminées : la perspective canadienne

Michel Houlé

CGC-Québec

14 h 10

Lithium : enjeux et défis d’une transition énergétique réussie

Détails de la conférence

Au cours de la dernière décennie, le lithium est devenu un métal d’une importance cruciale pour certaines filières industrielles à l’échelle mondiale en raison de son utilisation généralisée dans le domaine de l’électromobilité et du développement des technologies essentielles à la transition énergétique. Cette tendance, amplifiée par les perturbations et les incertitudes engendrées par les récentes crises mondiales, a entraîné une augmentation significative et constante de la demande mondiale en lithium. Cette hausse s’accompagne d’une prise de conscience collective des vulnérabilités des chaînes d’approvisionnement industrielles en ressources minérales stratégiques et critiques.

D’un point de vue géologique, le lithium n’est pas rare sur la planète, mais sa répartition, son degré d’enrichissement (teneur/tonnage) et sa disponibilité suscitent des préoccupations politiques majeures. Diverses typologies de gisements, tels que les « salars », les pegmatites, les coupoles granitiques ou encore les saumures géothermales, contribuent à la complexité de l’exploration. Par ailleurs, la diversité des minéraux lithinifères représente un défi notable en vue d’une extraction optimale du point de vue technique et environnemental.

En Europe, de nombreux inventaires et des études métallogéniques systématiques des gîtes lithinifères ont été entrepris sur les gisements de type « roches dures » et les saumures géothermales afin de sécuriser l’approvisionnement de la filière lithinifère. Cette démarche a également ouvert la voie au démarrage de projets miniers, tels que EMILI sur la coupole granitique de Beauvoir dans le Massif central ainsi qu’à l’exploration active de saumures géothermales dans le Fossé rhénan (partagé entre la France et l’Allemagne).

Cette conférence exposera les enjeux du marché du lithium actuel et futur; elle présentera les différentes occasions et défis auxquels sont confrontées l’Europe et la France pour répondre aux problématiques d’approvisionnement en lithium.

Le lithium demeure un maillon critique de la chaîne d’approvisionnement du secteur énergétique et de la mobilité électrique à l’échelle mondiale. Comprendre les complexités géologiques, géopolitiques, sociétales et environnementales est essentiel pour assurer un avenir énergétique durable et responsable. Cette étape est également indispensable pour gérer les enjeux éthiques et de souveraineté associés à une relocalisation de la production sur le territoire européen.

14 h 45

Pause

15 h 10

Le projet Opemiska à Chapais, la pierre angulaire du renouveau du camp minier de Chibougamau-Chapais

Charles Beaudry

QC Copper and Gold

Détails de la conférence

Au moment de cette présentation, QC Copper and Gold aura publié une nouvelle évaluation des ressources minérales du projet Opemiska, maintenant détenu à 100 % par la compagnie. Nous nous attendons à de nouvelles ressources de haute qualité fondées sur la compilation et la validation de toutes les données antérieures, incluant des milliers de sondages de l’ancienne mine souterraine en plus de 366 nouveaux sondages avec des contrôles QA/QC totalisant 70 667 m. En 2021, la réinterprétation de la géologie et des enveloppes minéralisées dans une fosse conceptuelle avait permis d’estimer des ressources initiales de 81,7 Mt à une teneur de 0,65 % de cuivre et 0,31 g/t d’or dans les catégories mesurées et indiquées et des ressources présumées de 21,4 Mt à 0,51 % de cuivre et 0,30 g/t d’or. Nous croyons que la nouvelle ressource de 2023 sera très prometteuse du point de vue économique et pourrait représenter la pierre angulaire du renouveau du camp minier de Chibougamau-Chapais tant du point de vue économique que de l’interprétation métallogénique de la minéralisation. En effet, les évidences de terrain démontrent clairement que le gisement d’Opemiska est d’origine orogénique et coïncide dans le temps avec le plissement du Filon-couche de Venture. Ce pli est postérieur à la phase principale de déformation dans la région et a été formé par l’entraînement des unités le long de la Faille de Gwyllim, une structure importante dans l’évolution structurale du district. Nous proposons que le gisement se serait formé à la suite de la circulation de fluides émanant de la faille qui auraient envahi les structures secondaires perméables en bordure de la faille. La Faille de Gwillim (NE-senestre) et les failles secondaires associées au gisement Opemiska (NW-dextres) représentent respectivement la structure principale et des structures conjuguées. De plus, ces structures coïncident avec les orientations NE et NW des structures exploitées historiquement dans le camp central de Chibougamau. Bien que l’existence de minéralisations de type porphyrique plus anciennes soit bien reconnue dans le district, le minerai exploité à Chapais et, par extension, à Chibougamau, pourrait être associé à un second événement minéralisateur, plus jeune et de nature orogénique. Cet événement aurait produit la minéralisation historiquement exploitée à Chapais et, possiblement, à Chibougamau.

15 h 30

Le gisement à Au-Cu de Troilus : un gisement archéen atypique situé dans la ceinture de Frotet-Evans, Eeyou Istchee Baie-James, Québec

Détails de la conférence

Auteurs : Pierre-Arthur Groulier, Nicolas Guest, Kyle Frank, Remy Klick et Tyler Beattie (Troilus Gold)

Le gisement archéen à Au-Cu de Troilus est situé dans la partie orientale de la ceinture de roches vertes de Frotet-Evans (région d’Eeyou Istchee Baie-James, Québec). Découvert en 1987 à la suite de travaux de prospection, plus de 2 millions d’onces d’or et 70 000 tonnes de cuivre ont été produites entre 1996 et 2010. Le gisement possède actuellement des ressources de 6,2 Moz d’Au indiquées et 2,2 Moz inférées et une nouvelle estimation des ressources est prévue pour bientôt. En raison de ses caractéristiques inhabituelles (gîte à Au-Cu à basse teneur et fort tonnage avec altération propylitique, potassique et phyllique), la classification du gîte de Troilus a été et reste toujours sujette à controverse (gîte de type porphyrique vs type orogénique). Une étude lithogéochimique démontre la complexité de la séquence géologique du gisement avec une séquence volcanique bimodale qui contient des roches mafiques tholéiitiques à transitionnelles comprenant des boninites associées à des roches volcaniques intermédiaires à felsiques calco-alcalines à signature adakitique. L’empilement volcanique est injecté par une suite complexe d’intrusions synvolcaniques, qui comprend l’intrusion hypabyssale dioritique à tonalitique de Troilus, à syntectonique à tarditectoniques. La stratigraphie des roches synvolcaniques ainsi que leurs signatures géochimiques suggèrent un environnement tectonique complexe montrant des similitudes avec un environnement d’avant-arc. Cette phase synvolcanique est associée à la mise en place d’altérations et de minéralisations précoces de type magmato-hydrothermale et VMS/exhalative. La séquence a par la suite été plissée et métamorphisée au faciès supérieur des schistes verts et des amphibolites lors de la phase de déformation ductile D1. Les roches sont marquées d’une forte foliation pénétrative S1 parallèle au litage primaire, indiquant une forte transposition, ainsi que d’une linéation d’étirement L1 à pendage moyen à fort vers le NE. Des failles F1 NE-SW à faible angle par rapport à S1 recoupent l’ensemble de la zone; elles sont recoupées par des failles F2 orientées E-W. Les facteurs contrôlant la minéralisation sont principalement de nature lithologique et structurale. La modélisation 3D des analyses en Au-Cu et Mo montre une zonation métallique importante probablement héritée de l’épisode minéralisateur synvolcanique. Cependant, il est clair que le gisement est fortement contrôlé par la structure, notamment par les failles D1 NE-SW, avec des lentilles minéralisées orientées parallèlement à la linéation d’étirement et à l’intersection des failles F1 et F2. Cette histoire riche et complexe rend difficile toute classification et de nombreuses questions restent en suspens, notamment l’apport en métaux des différents évènements.